[Lettre aux hommes I]
Un visage pour l'Humanité
Un homme prononce :S’il y a de ces feux, par mes mains, étouffés,
S’il y a de ces ombres inutilement cachées,
De ces souvenirs passés, ces passés oubliés,
Plantée dans ma chair, tu es là ! Reste ! Humanité !
Ignorant jusqu’à ton nom, tu me hantes pourtant, tu m’obsèdes …
Que je soit larve ou que je soit prince, tu me tue, me forge, m’aide … m’offrant une naissance et ton sein, si fébrile, qui fait de ma famille une unité puissante et crainte mais fragile.
J’ai trop longtemps nié ton existence.
Et maintenant, je me vide de ton absence qui m’est tourment et bûcher.
Je me bâtis une espèce de corps, jusqu’au moment où les loups affamés et délirants bondissent à ma gorge et me dévorent…
Reviens à moi, Mère ! Je t’en supplie !
Je ne suis qu’un humain, tu es toute l’humanité !
Seul, je ne peux rien, donne moi encore ton lait !
Tu m’asphyxies mais tu m’apaises, si je te hais, tu me protèges …
Je t’aime et te serais à jamais fidèle !
Mère répond :Retranché dans l’ultime sillon de mon sang,
Je dévêts une aube possible.
Je trace un chemin humain au flanc des peines,
Ma main blessée salue les peuples,
Les marées, les herbes,
L’oiseau qui couve l’œuf de l’espace,
Le soleil dans le raisin …
Je ne permets à personne
De nier mes belles images
Car je sais ce qui dans le fruit
Murmure et flambe …
L’homme éclate :Que ton retour fleurisse l’esprit des hommes, comme il fleurit déjà le mien !
La faiblesse individuelle de mes frères oblige que nous soyons ensembles et solidaires.
Notre force est dans notre nombre !
Notre puissance est entre tes mains pleines de vertus et d’élégances !
Car, si un Père, sans ses enfants, n’est rien, les hommes, sans toi, vivent l'errance !
Mère finit :Obéis, alors, aux décisions de ma fille, votre Reine !
Elle tracera ta voie et celle de tes frères telle une grande sœur protectrice.
Elle dictera ton chemin, la parole et le sang du moment !
Apprends de tes aînés et écoute ton chef !
Sache vomir une guerre et respirer la paix !
Apprends la violence !Assassine ! Égorge ! Et Saigne !
Mais inspire toi toujours de l’idéal « Humanité » !
Il te courbe, te façonne,
Te fera ange le matin, démon au crépuscule,
Mais respecte tes frères, et tu seras, alors, fils, digne, de l’Humanité !